En l’absence de Charles Ollivon, qui sera le capitaine du XV de France pour la tournée de novembre ? Plusieurs noms circulent, dont celui de Gaël Fickou. Le centre international (27 ans, 63 sélections), qui occupe cette fonction au Racing pour seconder Henry Chavancy, est un leader dans l’âme et adore les responsabilités. Pour RMC Sport, Fickou dresse le portrait des grands capitaines qu’il a connus et se dit prêt à prendre le relais chez les Bleus.
Gaël Fickou, sans aucune surprise mais avec forcément de la satisfaction, vous avez été sélectionné pour la tournée du XV de France…
Oui, ça fait toujours plaisir. C’est toujours un honneur d’être appelé. Nous avons hâte d’y être. Pour ma part, ça fait un moment, que je n’ai pas été en équipe de France. Je n’avais pas pu participer à la tournée d’été puisque j’étais blessé. Ça manque forcément. J’ai hâte de porter à nouveau ce maillot bleu contre de gros adversaires : l’Argentine, face à qui c’est toujours particulier, la Géorgie, qu’on affronte rarement, et bien sûr la Nouvelle-Zélande qui sera un peu le révélateur de notre niveau. C’est un match que tout le monde rêve de gagner.
Vous pourriez changer de statut et récupérer le capitanat en l’absence de Charles Ollivon. Votre nom circule, comme celui de Julien Marchand, Anthony Jelonch, Grégrory Alldritt et Antoine Dupont. Comment le vivez-vous ?
Plutôt bien. Je ne me prends pas la tête. Le plus important est que l’équipe de France gagne et remporte cette tournée. Le reste, c’est du plus. Si j’ai la chance de l’être, j’accepterai cette tâche avec une grande fierté.
Vous avez endossé cette fonction assez facilement au Racing en l’absence de Henry Chavancy ces dernières semaines. Est-ce un rôle qui vous convient ?
Oui, cela vient avec le temps et la maturité. J’ai aussi toujours été un peu leader, notamment chez les équipes de jeunes. J’étais souvent capitaine. J’ai connu ça à Toulon chez les jeunes, et ça m’est arrivé aussi en équipe de France. J’ai souvent été surclassé, là c’est plus difficile d’être capitaine. (Sourire) C’est l’évolution. C’est un rôle qui me plait bien mais je ne veux pas à tout prix être capitaine. Ça vient naturellement.
Qu’est-ce que cela change quand on est joueur ? Plus de pression ?
C’est surtout plus de responsabilités, de prises de décisions, mais aussi montrer l’exemple et aider les coéquipiers. Il faut davantage penser à l’équipe qu’à soi-même. C’est beaucoup d’énergie, mais c’est aussi plaisant. On ne peut pas tout gérer non plus mais il faut être motivé à chaque entraînement, à chaque match, mais aussi motiver l’équipe.
Comment concevez-vous ce rôle de capitaine ? D’abord par l’exemple ?
Ça dépend. Je sais que certains n’aiment pas trop parler. Pour Anthony Jelonch (capitaine en Australie cet été), c’est plus par l’exemple. Pour d’autres, c’est plus par la parole. Ce qui est certain, c’est qu’il faut montrer l’exemple. Le capitaine est souvent un bon joueur, un des meilleurs de l’équipe. Mais c’est aussi le charisme, le leadership, l’altruisme. On doit penser à tout le monde, savoir ce que ressentent les mecs. Mais chacun a sa base de leadership.
Au Racing, donnez-vous beaucoup de la voix ?
J’essaie d’aider. Mais c’est vrai que c’est ma façon d’être. Je ne suis pas le genre de gars à faire de longs discours ou à crier pour rien. Au contraire. C’est aussi parce que le Racing est un club avec beaucoup d’ambitions et on se doit de mettre la barre très haut.
Lundi, Fabien Galthié et Raphaël Ibanez ont rappelé les critères pour choisir le bon capitaine, notamment l’aspect sportif et la loyauté…
Je suis tout à fait d’accord avec eux. La loyauté, c’est la base. Mais dès que tu mets le maillot de l’équipe de France, tu es loyal parce que c’est ton pays et tu te bats à 200%. Il faut aussi être loyal avec ses coéquipiers autour et inspirer la confiance.
Des capitaines vous ont-ils marqué durant votre carrière ?
Bien sûr. Henry (Chavancy) est un très bon capitaine. Il est loyal et montre la voie à ses coéquipiers. C’est un honneur d’être son vice-capitaine et de l’épauler au maximum. J’ai connu Thierry Dusautoir qui est quand même un des plus grands joueurs français de l’histoire. Ce n’est pas rien. J’ai aussi connu Florian Fritz qui est pour moi un modèle dans la mentalité et ce qu’il a pu faire. Ce sont ces trois mecs qui m’inspirent, trois mecs complètement différents. Charles (Ollivon) est également un très bon capitaine. Le pauvre, il ne sera pas pour cette tournée. Mais c’est quelqu’un qui porte très bien ce rôle, il l’a fait pendant deux ans avec beaucoup de positif.
« J’essaie d’être avant tout moi-même »En tant que capitaine au Racing, vous inspirez-vous de toutes ces expériences ?
Je m’inspire de ce que j’ai vécu et ressenti d’autres capitaines qui m’ont marqué mais j’essaie d’être avant tout moi-même, d’être le plus simple possible et d’être là pour les mecs comme je disais, mais aussi de prendre du plaisir avec eux. Le tout, c’est d’être soi-même, c’est dur de faire semblant (Rire).
Est-ce plus facile d’être le capitaine d’une équipe qui gagne ?
Oui, bien évidemment. Quand tu gagnes, tout va bien. C’est plus sympa. Mais c’est bien aussi d’avoir quelques défaites pour se construire, pour savoir ce qu’est la désillusion et la difficulté.
Ces dernières années, un joueur comme Guilhem Guirado n’a malheureusement pas eu souvent cette chance de diriger une équipe de France victorieuse…
Oui, c’était un très bon capitaine, un super mec, très loyal et courageux. Franchement, il n’y avait rien à lui reprocher. Malheureusement, il est tombé sur un moment où l’équipe de France était en difficulté et ne gagnait pas beaucoup. Il a dû dépenser beaucoup d’énergie. Mais il a toujours été remarquable. Il a été un très grand joueur, et le reste même s’il est blessé. (Rire)
Plus jeune notamment, avez-vous un jour rêvé d’être désigné capitaine de l’équipe de France ?
Franchement, être capitaine de l’équipe de France, je n’y ai jamais pensé. Être champion du monde avec l’équipe de France, c’est mon rêve et j’y ai pensé. Le capitanat n’est pas l’objectif ultime que je me suis fixé. L’appétit vient en mangeant. J’ai évolué, j’ai grandi et forcément pris plus de responsabilités. Cela a été le cas après la Coupe du monde. De fil en aiguille, ça augmente de plus en plus. C’est gratifiant et je prends ça comme un signe de confiance de la part du staff. Je me tiens prêt à toutes les éventualités. Mais si je ne suis là, ce n’est pas très grave non plus. Le plus important, c’est d’être sur le terrain et de gagner avec l’équipe de France. Bien sûr que c’est un honneur parce que cela représente un symbole mais le plus important reste l’équipe.
Vous pouvez nous confirmer que vous ne savez pas qui sera désigné capitaine par le staff des Bleus pour cette tournée ?
Non, pas du tout.
Êtes-vous impatient de le savoir ?
Oui, c’est toujours important de savoir qui est le capitaine. Ça se fera naturellement et on verra en temps voulu.
Vous semblez, en tout cas, apprécier les responsabilités ?
Oui, c’est toujours gratifiant. Cela a été le cas quand « Toto » (Laurent Travers) est venu me voir en début de saison pour me dire : « Gaël, tu seras capitaine avec Henry, quand il n’est pas sur le terrain c’est toi le capitaine ». Ça fait six mois environ que je suis dans le club, et avoir autant de responsabilités de la part des coachs et des joueurs, c’est un plaisir. J’essaie de me surpasser pour ne pas les décevoir et tirer le meilleur de moi-même. J’adore les responsabilités parce ça te pousse à être irréprochable, à avoir cette adrénaline pour ne lâcher tes coéquipiers, il faut que je montre la voie et l’exemple. C’est une adrénaline qu’on ne peut retrouver nulle part ailleurs.
Propos recueillis par Jean-François Paturaud