Crée en 2019, le Monaco Rugby Sevens s’apprête à disputer ce week-end le tournoi final de rugby à 7 avec beaucoup d’ambition, fort de ses derniers succès sur les deux dernières étapes.
Le rythme entraînant du tube Oye Mi Canto résonne dans le vestiaire du stade Devens entre La Turbie et Beausoleil. Le refrain est repris en cœur par quelques joueurs avant de partir s’entraîner sous la pluie, les villages ne portant pas toujours bien leur nom. Malgré l’averse, le sourire ne quitte pas les lèvres monégasques et il sera à coup sûr toujours présent ce week-end à Nanterre où se déroule l’étape finale du Super Sevens. Heureux de se retrouver après un été synonyme de succès, les joueurs de la Principauté se présenteront à Paris La Défense Arena avec enthousiasme, ambition et confiance, deux ans seulement après la fondation de l’équipe.
Création express et stars mondiales
Tout peut aller très vite à Monaco et le rugby n’y a pas échappé. En 2020, la Ligue Nationale de Rugby (LNR) lance sa grande compétition de rugby à 7, le Supersevens « J’apprends que Paul Goze, le président de la Ligue lance un championnat avec toutes les équipes de Top14 plus deux invités, je me suis dit c’est pour nous », sourit Emmanuel Falco, le président du « MR7 » et conseiller privé du Prince Albert II . « J’en ai ensuite parlé au Souverain, il était ravi. Nous avons alors candidaté pour être invité. Que ce soit la Ligue ou la Fédération, elles ont de suite accepté, Bernard Laporte m’a dit ‘Quelle excellente idée!’ Alors, avec Frederic Michalak, que je connais bien et qui est aujourd’hui manager général, nous avons monté l’équipe ».
Le Monaco Rugby Sevens est né et ne tarde pas à être compétitif. La première édition se tient sur un jour, le 1er février 2020. Monaco est stoppé en quarts de finale par le Stade Français après avoir battu Brive. Cette saison, le format est différent. La compétition se déroule en trois étapes et une grande finale. Septième de la première étape « pas aidé par l’arbitrage » murmure-t-on au club, le MR7 remporte la deuxième étape à Toulouse puis la troisième à La Rochelle.
« Certains ont posé des vacances pour venir »
« On nous prenait peut-être de haut parce que tout le monde disait qu’on avait des joueurs amateurs », explique l’entraîneur Jérémy Aicardi. « Ce n’est pas faux. Certains ont posé une semaine de vacances pour venir avec nous ce week-end pour affronter des joueurs de Top 14 qui s’entraînent tous les jours voire plusieurs fois par jour. Aujourd’hui, on s’est renforcé, on n’y va pas pour faire semblant ». Et pas n’importe quels renforts. Le Sud-Africain Cecil Afrika, meilleur joueur du monde à 7 en 2011, a disputé les deux dernières étapes victorieuses tandis que l’anglais Dan Norton, recordman du nombre d’essais au niveau international, « la surprise du Président » s’amuse à dire Falco, débutera sous le maillot de la Principauté sur le synthétique de Nanterre. A eux deux, les joueurs tournent autour des 3000 points en World Séries. « Ce sont des clients quand même », rigole le capitaine Johan Demai-Hamecher. « J’ai joué contre eux et je préfère les avoir avec moi, ça fait du bien. C’est un bel apport, ils se fondent dans le collectif, ce qui a été notre force cet été », continue-t-il.
Plus qu’un collectif, c’est une famille qu’a voulu construire Emmanuel Falco et il semble avoir réussi. « C’est clair que c’en est une », affirme Cecil Afrika en riant aux éclats. « Ils m’ont offert un accueil chaleureux, de l’amour. Ils m’ont totalement accepté. Je leur en suis reconnaissant », confie le Sud-Africain. C’est ce même esprit qui a également convaincu Dan Norton de rejoindre l’aventure monégasque.
La vitrine du rugby à Monaco
Avant de se lancer dans une arène accueillant au minimum 20 000 spectateurs samedi pour son quart de finale face à La Rochelle, les hommes de Jérémy Aicardi se sont entraînés devant quelques jeunes du club au stade Devens, les yeux remplis d’étoiles. « Ça donne envie de les voir, de les regarder, de les rejoindre, de jouer avec eux ou de les entraîner car ils ont un niveau énorme », avoue Raphaël, 12 ans, « on les sous-estime à chaque fois. Monaco, en foot, peut être bon mais au rugby, il y a un gros potentiel et ils peuvent aussi battre de grosses équipes comme Toulouse ou Toulon ».
Des succès nécessaires pour continuer à faire rêver ces jeunes monégasques selon le capitaine Johan Demai-Hamecher: « on doit continuer de montrer, avoir des résultats, donner le maximum sur le terrain et à l’entrainement quand ils viennent nous voir pour qu’ils continuent d’avoir envie de faire ce sport et qui sait un jour jouer avec nous ». Car si la vitrine d’un club est généralement son équipe de XV, en Principauté, c’est l’inverse. « Il y a le club à VII qui performe et qui a des résultats mais derrière il y a un club de 350 licenciés dont 150 en école de rugby, une section féminine depuis trois ans, des séniors qui sont montés en Fédérale 3 », tient à souligner Thomas Riqué, le président du rugby à XV, « le monde amateur vient rejoindre le monde professionnel et chacun se nourrit les uns des autres ». Un lien que représente d’ailleurs parfaitement Thomas Riqué portant aussi la casquette de directeur médical de l’équipe à VII.
Le rêve des Jeux Olympiques
Encore à ses prémices, le MR7 veut prendre son temps tout en gardant dans un coin de la tête… un rêve olympique. « On y pense forcément », sourit Emmanuel Falco avouant que le Prince Albert II serait plus qu’enthousiaste à l’idée de soutenir une équipe de la Principauté lors d’un tournoi olympique de rugby à VII avant de prévenir : « on ne veut pas être le Qatar du handball ». Alors il faut former des jeunes monégasques et cela prendra du temps. « C’est le gros chantier que je commence à fabriquer avec le club à XV. Je vois les jeunes de l’école de rugby tous les mercredis, les samedis, on travaille sur le rugby à VII. Le VII est au service du XV et inversement. Si demain on peut prendre des joueurs du XV, ce serait un projet global monégasque et pour ce qui est du projet olympique, c’est beaucoup d’années », explique Jérémy Aicardi.
Pas de quoi refroidir pour autant Thomas Riqué: « si, dans quelques années, le rugby a pris, qu’il y a des enfants du bassin, né à Monaco, qui font du rugby à haut niveau comme Antoine Zegdhar qui joue aujourd’hui à Castres, alors on pourra rêver d’une participation olympique. Ce serait magnifique, c’est la finalité ». En attendant, il y a une épreuve finale à aller chercher en Ile-de-France… futur lieu d’accueil des Jeux.