Les habitants de Roppeviller en Moselle n’ont rien vu venir. Depuis la fin du premier confinement, ce petit village un peu perdu au nord du Pays de Bitche, accueille tous les week-ends des centaines de touristes, qui peinent à trouver des places de parking dans la petite bourgade. Tous, viennent admirer l’Altschlossfelsen, une succession de rochers ruiniformes aussi appelé « Colorado » du pays de Bitche… et Roppeviller est le point de départ du sentier pour y parvenir.
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Un engouement surprise et massif
« On n’a rien fait pour. Aucune campagne de pub rien, rigole presque le maire de la ville Serge Stebler, aussi surpris que l’ensemble des Roppevillerois. Ce sont uniquement les réseaux sociaux qui ont créé cet engouement ».
Le joyau était jusque-là uniquement connu des initiés. Les randonneurs allemands ou français comme Denise, guide d’un groupe de randonnée dans les Vosges. « C’est un petit bijou, chaque fois qu’on le voit, en fonction des saisons, il est différent. C’est tellement beau, on ne peut pas empêcher les gens de venir… mais on préférait quand on était les seuls à connaître le lieu », admet-elle en souriant.
Le village compte une centaine d’habitants et accueille plusieurs centaines de visiteurs les weekends © Radio France
– Jules Hauss
Désormais, le chemin est bien mieux balisé qu’avant et les visiteurs de plus en plus nombreux. « Le confinement a donné envie aux habitants des alentours de découvrir les sites naturels autour des chez eux, explique Robert Diss, président du club vosgien du Pays de Bitche. Son club a selon lui également participé à cet engouements en classant cette randonnée comme « Sentier d’excellence », particulièrement prisé des randonneurs amateurs.
« C’est un site magnifique, qu’on ne voit nulle part ailleurs… Et la randonnée pour y accéder n’est pas très longue, on peut faire le tour en deux heures. Ça en fait le site parfait, il correspond aux nouvelles aspirations liées au confinement », poursuit-il attablé en habitué au « Café lorrain », le seul restaurant du village.
Effet de mode, ou tourisme durable ?
Dans le village, cette ruée nouvelle ne passe pas inaperçue. Sandrine, installée à Roppeviller depuis neuf ans, avait choisi le village pour sa quiétude. Elle habitait auparavant à deux pas des Gorges du Verdon dans le Var, un site fréquenté par des milliers de touristes chaque année… Depuis le premier confinement, elle retrouve donc quelques aspects négatifs de sa vie d’avant.
« Les gens se garent un peu partout, là où ils peuvent dans le village. Il y a des jours où je ne peux pas sortir de mon garage, constate-telle. Mais on ne peut pas empêcher les visiteurs de venir, c’est un site naturel, public. On ne peut rien faire contre ça ».
Les premiers rochers sont visibles après une petite demi-heure de marche © Radio France
– Nathalie Broutin
« Avant, on voyait cinq à dix voitures se garer là tous les weekends pour emprunter la randonnée… Maintenant c’est 200, 300″, lâche Angela, qui habite ici depuis 30 ans. C’est beaucoup moins calme et puis il y a la pollution des voitures, sans compter les déchets qu’on retrouve sur le sentier tous les jours ».
Voitures partout et déchets nombreux : voilà ce qui pose problème à certains villageois. Le maire assure qu’il travaille, avec la communauté de communes du pays de Bitche, à la mise en place future d’aménagements, pour mieux accueillir les touristes et empêcher que les déchets ne traînent dans les rues. Il préfère cependant agir avec prudence.
Au début du sentier, des vaches, qui constatent mieux que personne l’augmentation du nombre de visiteurs © Radio France
– Jules Hauss
« Comme c’est une mode venue des réseaux sociaux, on ne sait pas trop à quoi s’en tenir. Si on fait des lourds investissements et que dans un ou deux ans, on retrouve la fréquentation normale du site… on aura dépenser beaucoup d’argent pour rien ».
C’est l’ensemble du pays de Bitche qui profite de cet engouement
Pour autant, il se réjouit plutôt de ce nouveau statut. « Nous sommes des communes un peu isolées. On a récemment perdu notre école du village. Ce tourisme fait qu’on parle de nouveau un peu de nous. Il faut qu’on en profite ».
Au début du sentier, un terrain sur lesquels les touristes se garaient auparavant. Face à l’afflux les propriétaires ont décidé d’en ferme l’accès © Radio France
– Jules Hauss
Selon lui, les communes environnantes en bénéficient déjà. « Les restaurateurs des villages à côté me le disent : ils ont régulièrement des visiteurs qui viennent manger avant et après leur balade. C’est l’ensemble du pays Bitche qui profite de cet engouement. »
La plupart des villageois interrogés ne voient d’ailleurs pas d’un mauvais œil cette arrivée de touristes. David, dont la maison est située à la fin de la boucle, envisage même de monter un stand. « On voit des dizaines de personnes passer les week-ends. S’il y a toujours autant d’affluence l’été prochain, on vendra des bières et des tartes flambées ».
Aucun Roppevillerois ne souhaite cependant que l’attractivité touristique n’augmente encore et sacrifie le calme de la commune. Tous ont choisi d’y vivre pour cela.
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